Sur le site de l’association Handi’chiens, le message est clair : « Quand on n’a pas l’usage de ses jambes, c’est précieux d’avoir un ami qui en a quatre ». Et qui peut accomplir plus de 50 gestes du quotidien, peut-on ajouter. Depuis 1989, Handi’chiens éduque et remet gratuitement des chiens d’assistance à des personnes atteintes d’un handicap moteur. Cette formation canine est longue et coûteuse. Il faut des représentants aussi dynamiques que Sylvie Huchet-Bodin pour sensibiliser le public et recueillir des dons.


Suite à un accident de la circulation et à une maladie nosocomiale, Sylvie Huchet-Bodin se retrouve handicapée à vie. Son énergie et l’arrivée d’un chien d’assistance lui ont permis de retrouver de l’autonomie. Aujourd’hui, en tant qu’ambassadrice d’Handi’chiens sur les Pays de la Loire (pour le secteur Bretagne de l’association), elle agit pour faire connaître ces incomparables compagnons canins et récolter de plus en plus de fonds.

Pouvez-vous présenter Handi’chiens ?

Handi’chiens est une association créée en 1989 sous le nom de ANECAPH, Association Nationale d’Education de Chiens d’Assistance pour Personnes Handicapées. Ce sigle s’est transformé en Handi’chiens en 2001. L’association ne vit que de dons. Son siège social se trouve à Paris. Elle est reconnue d’utilité publique depuis 2012. Cela permet aux donateurs d’obtenir une réduction d’impôt.

Sa mission est d’éduquer des chiens d’assistance destinés à des personnes privées de mobilité. Depuis sa création, Handi’chiens a remis 1800 chiens à des enfants ou adultes handicapés moteur. Il s’agit de Golden retriever ou de Labrador. Les chiens de ces 2 races sont doux et apprennent vite. Ce sont des animaux qui, d’instinct, savent rapporter dans leur gueule du gibier, et maintenant des choses, sans les abimer.

En termes de temps et de budget, que représentent la prise en charge et l’éducation d’un chien ?

L’acquisition d’un chiot coûte 1 000 €. Son financement prend la forme d’un parrainage. Il peut être assuré par des particuliers, une école, une association, une entreprise, une collectivité, une fondation. L’éducation d’un chien dure 24 mois, en famille d’accueil puis dans l’un des quatre Centres d’éducation HANDI’CHIENS labellisés par le Ministère de la Santé et le Ministère de l’Agriculture (situés dans l’Orne, les Côtes-d’Armor, le Loir-et-Cher et le Rhône). Des éducateurs canins, des responsables de chenil, des vétérinaires, des bénévoles interviennent dans ces centres. Le parcours qui fera du chien un animal d’exception revient à 15 000 euros mais tout est gratuit pour la personne handicapée.

Pour devenir de super-compagnons, comment se déroule la formation ?

A l’âge de 2 mois, le chiot commence son éducation. Avec sa famille d’accueil, à qui il est demandé de la disponibilité, il se rend tous les 15 jours dans son centre de référence. Il acquiert les bases et va apprendre à répondre à 52 commandes. A 15, 16 mois, le chien revient en centre, à la « grande école » pour une formation en situation, auprès de personnes en fauteuil roulant ou avec béquilles. En permanence, environ une soixantaine de chiens se trouvent en centres de formation. Ce cursus représente beaucoup de travail, organisé par les 36 salariés de l’association. Au terme de leur parcours, les chiens savent accomplir d’incroyables services, sans se laisser perturber par des sollicitations externes.

Comment s’établit la mise en relation entre la personne handicapée et le chien ?

Les personnes concernées font une demande au centre de formation Handi’chiens le plus proche de chez elles. Quand un chien est prêt, la personne bénéficiaire vient effectuer un stage d’adaptation et de passation d’une semaine au centre. Elle apprend à donner les différentes commandes et à vivre avec le chien. Des ajustements se font au niveau des gestes acquis. C’est aussi l’occasion de rencontrer la famille d’accueil avec qui des liens vont généralement être maintenus. L’objectif est de former un véritable binôme personne handicapée-chien. Un tandem se crée. Une fête a lieu à la fin du stage pour marquer cette nouvelle relation.

Le rôle du chien est formidable : quels services apporte-t-il ?

Impossible de tous les décrire. C’est un soutien technique de tous les instants, de tous les jours. Les chiens d’assistance savent ramasser, aller chercher et mettre à disposition des objets, une carte bleue ou de la nourriture. Ils peuvent ouvrir et fermer le réfrigérateur, des tiroirs ou des portes. Ils aident au déplacement du fauteuil. Ils savent appuyer sur un bouton. Ils participent aux courses. A titre d’exemple, ils peuvent entrer seul dans la boulangerie, présenter le porte-monnaie et le ramener avec une boule de pain. Ils peuvent ôter chaussures et chaussettes. En cas de faiblesse ou de malaise de leur maître, ils le stimulent avec une léchouille ou aboient pour donner l’alerte. De plus, ils ont la capacité de ne pas se laisser perturber par la foule ou les sollicitations de d’autres personnes. Plus un ordre est compliqué, plus il sera perçu comme un jeu.

Leur présence va largement au-delà des services rendus. Ils donnent envie de gagner en autonomie. Ils deviennent un membre de la famille dont on se sent responsable. Ils permettent de recréer du lien avec l’environnement extérieur.

Quelle a été et quelle est votre expérience personnelle avec les chiens d’assistance ?

Alors que j’étais alitée, ayant toujours besoin de personnel pour s’occuper de moi, j’ai eu la chance d’avoir un premier chien, Ursule, en 2005. J’ai pu me redresser, retrouver de l’autonomie, quitter cette assistance 24h/24. Il a rapidement fait partie de ma vie. C’est aussi un soutien moral et affectif. Puis Aster a été mon 2ème chien d’assistance pendant 8 ans et demi. Il a été mis à la retraite car il fatigue, mais il vit toujours avec moi et s’entend très bien avec Indo, le golden retriever qui a pris sa suite en 2016. J’envoie des photos de lui au collège qui l’a parrainé. J’ai accueilli chaque chien les bras ouverts. C’est tellement important dans notre vie ! Ce sont mes confidents, ils ressentent mon humeur, mes douleurs éventuelles. Et ça se passe très bien avec les infirmières, les assistantes ménagères qui viennent chez moi.

Quelles actions menez-vous en faveur d’Handi’chiens ?

Actuellement, il y a 160 chiens remis par an à leur maître ; il en faudrait encore plus. Pour cela et parce que, ce j’ai reçu, je veux que d’autres le reçoivent, je me balade partout en Vendée avec mon chien. Je sensibilise le public, je fais des démonstrations dans les foyers-logements, les écoles, les lycées, des théâtres… J’ai ainsi obtenu des parrainages. Le Crédit Mutuel a parrainé un chiot, Hioda, en 2013 et a renouvelé un parrainage en 2016. Je ferai d’ailleurs une démonstration lors de leur assemblée générale en mars. Je vends des objets Handi’chiens, organise des pêches à la ligne sur un stand, dans les foires-expos ou au Marché de Noël. Je suis présente en décembre sur celui de Treize-Septiers. Sur l’année 2014, 4500 € ont été récoltés en Vendée, 5500 € en 2015 et plus de 6000 € en 2016.

Et, dès que je peux, je fais la promotion du site handichiens.org sur lequel on peut faire des dons. On a besoin de ces chiens si exceptionnels.

Article connexe : Des chiens pour tous les types de handicaps