Depuis 2011, près de la Rochelle, l’éco-réseau Biotop fait du neuf avec du vieux, transforme des déchets en matières premières, réduit l’impact environnemental des entreprises tout en faisant grandir leurs économies. Et ça marche ! Une cinquantaine de sociétés ont réalisé 35000 € d’économies en 2015.


Sur la zone industrielle de Périgny comme dans toutes les ZI de France, le constat était alarmant : de plus en plus de déchets à traiter, une difficulté croissante à gérer les flux, des obligations réglementaires plus restrictives, des coûts de traitement en augmentation, une volonté insoluble de mieux respecter l’environnement… Les vieux systèmes de bennes, d’enfouissement et d’incinération ne sont guère tenables. Sur ce terrain impropre au développement durable, l’association Biotop fait germer de nouvelles solutions.

La mise en place d’un réseau d’entreprises

Impulsée par le club d’entreprises de la ZI de Périgny, soutenue par des collectivités, des entreprises et l’ADEME, Biotop a d’abord cherché à identifier les problématiques et les besoins. Les audits menés ont porté sur la gestion et le coût des déchets, mais aussi sur la qualité de vie sur la zone, les consommations d’énergie, les déplacements, les rejets polluants… La collecte des données a permis de sensibiliser et de fédérer une quarantaine d’entreprises. La synthèse de l’étude a fait ressortir des difficultés récurrentes. Les bacs de collecte et les bennes de la collectivité devenaient très coûteux. Des TPE-PME n’arrivaient pas à faire reprendre certains de leurs déchets, produits en petite quantité. Des matières jetées par une entreprise se trouvaient être celles importées par une autre. Des textiles souillés ne trouvaient pas de prestataires les prenant en charge. Des obligations réglementaires ne pouvaient être respectées…

Réconcilier croissance et environnement

L’analyse conduite sur Périgny a rapidement abouti à des solutions économiques, écologiques et rentables pour les membres de Biotop. Les premières actions, directement mises en œuvre pour profiter de l’intérêt des entreprises, ont porté sur le recyclage et sur la réutilisation de déchets avec ou sans transformation. L’idée étant que les flux sortants des uns deviennent, au maximum, les flux entrants des autres. C’est ainsi que l’économie circulaire a commencé à tourner sur le territoire.

Des réutilisations profitables à tous

Parfois, faire mieux économiquement et environnementalement, c’est simple comme un circuit court. Ainsi, suite au repérage d’opportunités de Biotop, Ovive (spécialisée dans le recyclage de coquillages et minéraux) récupère les Bigs bags usagés de LEA Nature, située à 800m. Plus avantageux que de les acheter comme auparavant à 500 km ! Près de 2400 € et des milliers de kilomètres de transport sont économisés ! Et la boucle se poursuit : le substrat obtenu par Ovive, à partir de coquilles, marc de café, fibres de bois… est revendu à l’Atelier du Végétal pour faire des toitures végétalisées.

Autre exemple : en 2016, 15 tonnes de textile usagé des centres hospitaliers avoisinants ont été revalorisés en chiffons d’essuyage par le chantier d’insertion Blan’Cass.

Avec les textiles, le PVC, le polystyrène,…, ce sont près de 100 T/an qui intègrent le circuit de substitution.

Des circuits spécifiques de recyclage

Tous les déchets n’ont pas la chance de revivre dans une entreprise voisine. Mais grâce à l’accompagnement de Biotope et à l’instauration de solutions personnalisées, papier, cartons, verre, palettes, piles, cartouches d’encre et autres flux diffus de déchets trouvent leur voie dans le recyclage. L’organisation de nouvelles collectes, la commande de bennes mises à disposition du réseau, la massification qui permet de réduire les coûts d’enlèvement, répondent aux attentes de nombreuses entreprises. Dans le même temps, cela vide les bennes de la communauté des DIB (Déchets Industriels Banals).

Pour preuve, 45 tonnes de palettes ont été récupérées en porte à porte pour être reconditionnées ou broyées en 2016. 2T de de films étirables partent chaque mois en filière de valorisation. 3,5 T de DEEE (Déchets des Elément Electriques et Electroniques) ont été recyclées en 2016. 10,6 T d’archives confidentielles ont été spécifiquement traitées. Le mobilier professionnel usagé peut être remis au Point d’Apport Volontaire Biotop, le seul référencé en Charente-Maritime.

Des effets économiques, environnementaux et sociaux

Par l’innovation et la mutualisation, Biotop parvient à réemployer ou recycler 100% des 300 T de déchets collectés. Des résultats permis par l’engagement des 62 entreprises adhérentes au réseau. Leur cotisation leur donne accès à un diagnostic, aux bennes et aux collectes mises en place. Elle leur permet aussi d’utiliser la marque Biotop dans leur communication pour valoriser leur image.

Aux côtés de ces solutions concrètes, Biotop organise également des ateliers de sensibilisation, des rencontres autour de sujets économiques ou socio-professionnels comme les Troubles Musculo-Squelettiques, le Document Unique, l’utilisation de la voiture électrique en entreprise… Cela permet aux responsables d’entreprises de se retrouver, d’échanger des bonnes pratiques et d’animer le réseau.

L’efficacité du « réfléchir et faire ensemble »

En termes de services, Biotop « ne s’interdit rien et cherche toujours à répondre à des problématiques précises » affirme Alexandre Derive, président du Club d’entreprises. Il est convaincu par la capacité du réseau à générer des solutions économiques, environnementales et sociales, notamment avec et pour des TPE-PME. Plutôt que d’étendre le réseau et de « l’essoufler » en lui donnant une taille critique, il « préfère le renforcer et l’essaimer sur d’autres territoires. ». Rochefort, Saintes, les chambres consulaires se montrent fortement intéressées par l’expérience. Plus que jamais, « Act local, think global » est une maxime qui guide le développement vers une démarche plus respectueuse de l’environnement et des hommes.

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