Sans être galvaudée, l’expression est bien accrochée au maillot des joueurs : le rugby est une école de la vie. Certes, mais elle ne décerne toujours pas de diplômes qualifiants officiels ! C’est pourquoi le Stade Rochelais s’engage résolument dans l’accompagnement scolaire des jeunes en associant une école technique privée à son centre de formation.


Club professionnel historique évoluant dans le TOP 14, le fringant Stade Rochelais a plus de 100 ans d’existence. C’est un des plus anciens de France. Aux côtés des pros, des élites féminines surnommées les POC’ettes, et des espoirs, près de 600 adhérents tâtent du ballon ovale dès l’âge de 5 ans. Pour continuer d’enchaîner les saisons au plus haut niveau, le Stade Rochelais a ouvert son centre de formation au milieu des années 1990. Son objectif était et reste de former des joueurs professionnels tout en veillant à leur scolarité et à leur intégration dans le monde actuel. Un challenge important pour assurer la reconversion des sportifs.

Conjuguer cours et entraînement

Comme tous les centres de formation de rugby, celui de la Rochelle se doit d’assurer les études des jeunes jusqu’à l’âge de 22 ans (contre 16 au football) qu’ils soient français ou étrangers. Il s’agit d’un vrai garde-fou pour l’avenir de ces graines de champions encore en devenir, même si les meilleurs ou les plus précoces peuvent intégrer les pros à partir de 18 ans. Mais allier études et sport de haut niveau s’avère être un parcours d’obstacles XXL, que ce soit dans l’organisation du temps au quotidien, dans l’accès aux filières souhaitées ou dans l’implication que le jeune doit toujours savoir renouveler pour apprendre. Difficile de se concentrer devant son bureau quand la pression monte sur les terrains et que le recrutement dans le Top 14 se fait de plus en plus concurrentiel. Heureusement, au centre de formation Rochelais, les joueurs ont la chance de compter sur un suivi personnalisé, sur l’aménagement de leurs heures et sur un soutien scolaire.

A l’origine de l’Ecole

Sur les 40 stagiaires du centre de formation, près de la moitié se trouvent scolarisés dans des établissements locaux. Les relations tissées avec ces lycées, IUT ou universités ont permis d’adapter les horaires, d’assouplir certaines obligations liées à des rendus de dossiers ou de devoirs. Les équipes enseignantes se montrent compréhensives et conciliantes. Cependant, toutes les filières ne peuvent pas être suivies sur place. A titre d’exemple, pour entamer le très prisé cursus d’éducateur sportif, les élèves devaient se rendre à Poitiers. C’est donc pour éviter que certains voient leurs orientations mises sur la touche que l’Ecole Technique Privée a été créée. Un bel atout pour devenir une femme ou un homme mâture et responsable.

L’ETP, pour étudier à domicile

Le 1er septembre 2014, l’Ecole Technique Privée a ouvert ses portes au sein du Club. Depuis, le panel des formations s’est déjà élargi et des POC’ettes ont été intégrées à l’effectif, ainsi que des membres du pôle France voile. Pour les premiers pas de l’école, la responsable Cécile Espagnach admet volontiers qu’elle a bénéficié du transfert d’expérience de d’autres écoles de centres de formation, comme celle des Chamois Niortais qui existe depuis une vingtaine d’années.

La constitution de l’école permet de beaucoup plus facilement adapter et aménager les cours en fonction des horaires d’entraînement. Le double parcours études-sport se décline dans trois filières supérieures plus une :

  • métiers du sport : le BP JEPS Activités Gymniques de la Forme et de la Force (8 étudiants en 2016-2017)
  • un BTS Négociation et Relation Client, sur 3 ans, via notre partenaire le Cipecma (8 étudiants en 2016-2017)
  • Un BTS Comptabilité gestion, créé sur mesure afin de répondre à la demande de deux joueurs
  • Un diplôme pour valider des compétences en Langues (pour 3 étudiants). A signaler : un soutien en anglais est apporté à tous. C’est une matière à maîtriser pour pénétrer le monde de l’ovalie, dominé par les équipes du Commonwealth.

Les 3 filières professionnelles poursuivies figurent parmi les plus demandées par l’ensemble des joueurs en formation dans les clubs français. La cursus sportif relève de l’évidence. La filière commerciale (en gestion ou négociation) séduit les jeunes qui n’ont pas encore de vocation-métier très affirmée. Elle permet d’aborder de nombreuses activités proches des vestiaires : gérance d’un magasin ou d’une salle de sport, commercialisation d’une marque, ouverture d’un rayon spécialisé…

Au service des joueurs

Pour toutes les matières, le planning se cale sur les entraînements et le calendrier des compétitions afin que les stagiaires puissent atteindre leur meilleur niveau et, in fine, rejoindre les pros sur les terrains nationaux. Généralement, les après-midi du lundi, du mardi et du jeudi sont consacrés au cours. Dans ce cadre, Cécile Espagnach constate que « les joueurs sont très contents que l’école existe. De plus, ils savent que nous faisons cela pour eux et ça compte dans leur motivation. ». Car ces jeunes au gabarit déjà respectable sont néanmoins fragiles : des performances rugbystiques en baisse, une petite blessure et c’est toute leur énergie morale et de concentration qui souvent en pâtit. Avoir conscience que des « formations sur-mesure, » que des soutiens et des suivis personnalisés sont mis en place, est un moyen d’atténuer ce risque. Une scolarité réussie participe à former un bon joueur.

Des profs qui transforment l’essai

Même si le temps dédié aux études se trouve fortement contingenté, Cécile confirme qu’il « n’est aucunement question de formation au rabais. Il est de notre mission de fournir de bonnes conditions de travail à chacun ». L’effectif très réduit de chaque promotion, la présence d’enseignants attitrés, la personnalisation des cours, l’obligation d’assiduité et de présence faite à chaque élève, garantissent la qualité des cursus. L’ETP offre un environnement privilégié. Et les résultats sont là, alignés sur les chiffres nationaux avec 8 diplômés sur 10 pour l’instant. Ils ne seraient pas aussi bons sans la souplesse dont font preuve les professeurs. Toute l’année, ils adaptent en permanence leurs horaires, ajustent leur programme, en étant parfois prévenus à la dernière minute. Pourtant, au regard des candidatures de profs reçues, l’attractivité de l’équipe pédagogique ne se dément pas.

Une autre manière de porter les couleurs du club

Les entreprises partenaires constituent elles aussi un soutien indispensable à la formation des joueurs. Que ce soit avec l’attribution de la taxe d’apprentissage, l’accueil de stagiaires ou du mécénat scolaire, chaque apport est important. De plus, il permet d’établir des relations entre les jeunes et le monde des adultes, entre l’univers un peu clos du club et la vie réelle extérieure. Par des rencontres, des échanges en direct, Cécile tient à valoriser ces liens qui dynamisent l’image des entrepreneurs et font grandir les joueurs en les aidant à devenir citoyens. Un parrainage est ainsi l’occasion d’accompagner un sportif, d’établir une relation forte et de fédérer les collaborateurs de l’entreprise autour des valeurs du rugby et du Stade Rochelais. Un choix gagnant-gagnant !